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 Interview du poète Claude Albarède(bientôt à Balaruc)

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AuteurMessage
ventrepasbleu




Nombre de messages : 89
Localisation : Frontignan
Date d'inscription : 17/09/2007

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MessageSujet: Interview du poète Claude Albarède(bientôt à Balaruc)   Interview du poète Claude Albarède(bientôt à Balaruc) EmptyMer 23 Avr - 14:47

Claude Albarède, né à Sète, professeur de lettres, est un poète dont l'oeuvre a été saluée par Luc Bérimont comme « une œuvre de premier plan, avec son arrière- goût de pierre à feu et la retenue d’une eau secrète. »

Avec plus de 15 recueils de poèmes au bout de la plume, cet amoureux des mots et de l’amour, vit la poésie comme un Oracle où La Divine Dame des Rimes lui effleure les oreilles avec ses mystérieuses correspondances.


Comme Romain Rolland, l’auteur croit « qu’il y a la vie, il y a l’instinct puissant de vie, il y a l’amour. Ce ne sont pas des rêves, des suggestions, c’est la réalité la plus vigoureuse et la plus profonde ». (recherche sur google avec le nom…)

Angela Nache-Mamier


Interview du poète Claude Albarède(bientôt à Balaruc) Albare11



1° Ecrire est-ce une contrainte ?

Guillevic a dit : « On naît poète. Il faut ensuite le devenir ».Pour cela ,il faut écrire .Par besoin et par nécessité. Il y a donc là une forme de contrainte comparable à celle du sportif qui veut parfaire ses performances. C’est dire que ma poésie étant animée d’une perpétuelle exigence, même suivie d’effets positifs,l’effort et la contrainte qu’elle nécessite en moi ne me donnent ni la parole ni la vie faciles .Mais c’est ainsi ,et,pour mon relatif équilibre, je ne puis faire autrement.



2° Si le récit peut féconder le réel c’est pour quoi faire naître ?

Ma poésie n’étant ni narrative ni récitative, j’élude cette question.



Qu’est-ce qui déclenche l’écriture ?

Chez moi l’écriture est déclenchée par une vision réelle ou imaginaire qui soudain me traverse et m’emporte. Il me faut la capter, la capturer,la faire mienne et, par le poème, la donner aux autres .Plus qu’une quête, mon écriture est une chasse. Intime. Mentale. Sensible ou transfigurée.



Le mot le plus important pour vous ?

Pour moi le mot le plus important, puisqu’il faut choisir, donc éliminer ,sera le mot TERRE, dans toutes ses significations,concrètes ,symboliques,matérielles, spirituelles…etc.

Mais, pour le poète , le mot est plus important que la chose,car il donne à la chose l’esprit de vie, culturel,esthétique, philosophique, humain,qu’il renferme.(« Au commencement était le verbe »).



5° Vous bâtissez vos livres avec une architecture pré-établie ?

Cela ne me concerne pas .Le poème se fonde mais ne se bâtit pas.



Ouvrez- nous un peu votre « fabrique d’écritures » ?

Voir réponse à la question 3.



Le poète peut-il rendre le monde meilleur ?

Il est vain de croire que la poésie peut changer le monde (La vie,disait Rimbaud). Mais un poème ressenti , aimé, épousé, peut changer ,chez un être, la vision qu’il a du monde, en l’approfondissant, en la qualifiant, en l’humanisant,en l’établissant, en la fertilisant,… donc en l’améliorant. Toutefois le bon sentiment ou le mot d’ordre n’ont jamais donné de la bonne poésie, à part quelques cas particuliers.



Pourrait-on dire que l’enfance est l’élément fondateur de votre écriture ?

Il est évident que mon enfance, passée dans les garrigues de l’arrière-pays héraultais,et parmi l’affection pudique et vicinale des êtres et des choses ,a nourri les germes de l’écriture poétique qui- sait-on pourquoi ?- émergèrent de l’œuf avec moi et dans moi.

J’ai trouvé là un terrain à la fois contrasté,rugueux ,intransigeant,et d’une grande richesse intérieure,avec des exigences de sources et de parfums .Bref une éthique et une esthétique ,où l’humain faisait corps,où la dignité s’élaborait dans la modestie et le courage,sans soumission ni renoncement.

9° Comment percevez –vous le monde qui nous entoure ?

Je voudrais bien le percevoir clairement, mais les images dont on m’inonde n’en font que fausser la vision. C’est pourquoi je pense qu’il faut essayer par l’écriture de décortiquer la perception du monde pour mettre à jour la lueur natale, l’élément « terre »,l’élémentaire,dans le magma ou l’embrouillamini. C’est de cette lucidité –là dont parle René Char quand il dit « blessure la plus rapprochée du soleil ».

10° Qu’est-ce qu’un écrivain selon vous ?

L’écrivain est celui qui, par l’écriture, parvient à tout ce que j’ai dit dans les réponses 4-7-9. Mais tous les écrivains ne sont pas poètes,et tous les poètes écrivains ,sont au moins littérateurs !



11° L’écrivain est-il un grand alchimiste de la réalité ?

« L’alchimie du Verbe »dit Rimbaud. Oui,il y a dans la poésie ,plus ou moins,de cette alchimie-là.



12° Vous vous êtes immergé très jeune dans la lecture et l’écriture ?

Dans mon enfance j’ai eu très vite des contacts directs avec le « littéraire » .Mais d’abord le « littéraire oral »,vers l’âge de 6 ou 7 ans .Avec ma grand-mère,qui connaissait par cœur des poésies édifiantes et des fables de La Fontaine, et les disait, dans la garrigue où nous allions récolter le bois mort ou les asperges sauvages. Entrés en moi par les oreilles. Je n’ai eu de cesse que de retrouver ces mots,ces rimes,ces prosodies,avec mes yeux. Je fouillais donc les maigres bibliothèques familiales ou municipales des années de guerre (1944-45). Et la lecture ne m’a pas quitté. C’est à l’âge de 13 ans ,à la suite d’un exercice de versification que nous avait donné à faire notre professeur de français du Collège Paul Valéry de Sète,que le goût (puis le besoin)d’écrire des poèmes m’est venu et ne m’a plus lâché.



13° Quelles sont vos relations avec le temps ?

Tous les jours, en me levant, et depuis longtemps, je répète en moi-même les deux vers célèbres de Ronsard :

« Le temps s’en va, le temps s’en va, Madame.

Las, le temps non , mais nous nous en allons »

Pour moi le temps chronologique est une invention de l’homme. Le temps cosmique n’existe que sous la forme de tourbillons concentriques infiniment répétés.

La poésie, dans l’écriture, c’est du temps cosmique.

La prose narrative, du temps chronologique.
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