Bonjour Patrick,
Ce n’est pas à vous que je vais rappeler que
je ne suis pas du tout commerçant…Cela n’empêche pas que j’ai lu votre dernier message concernant cette catégorie de personnes. Je l’ai même relu, il est actuellement devant mes yeux de plus en plus étonnés… Pourquoi
mon étonnement ne fait que croître ? … Je pense qu’il est essentiellement motivé par cette indifférence qui fait qu’aucun des intéressés, c’est à dire les commerçants, ne daigne éclairer notre lanterne.
Nous avons admis ,par exemple, que la majorité des artistes amateurs considère l’Art comme une activité accessoire de loisir, et de ce fait n’avait rien à dire sur leurs pratiques artistiques, leurs orientations picturales, leur cursus artistique, leur cotation dans les ventes privées ou publiques etc, et cela est tout à fait acceptable vu que leur santé budgétaire n’en sera nullement affectée ; mais qu’un commerçant, c’est à dire un professionnel dont le niveau de vie est directement lié à son activité principale, n’ait rien à dire sur l’intrusion dans la proche zone de chalandise d’un concurrent hyper puissant tel que LECLERC c’est plutôt sidérant
vu de l’extérieur de cette profession !… A priori, on a le plus grand mal à comprendre pourquoi des habitants informés de l’arrivée d’un tsunami commercial annoncé
continuent à vaquer tranquillement à leurs petites affaires sans même jeter un oeil vers l’énorme vague qui s’avance inexorablement… Le phénomène de l’accoutumance joue peut être son rôle …L’enseigne en question n’était-elle pas déjà implantée jadis à Frontignan même ; et s’en était retiré à la suite d’un incendie ? D’autres moyennes surfaces se sont implantées ici sans conséquences, semble-t-il, sur le commerce de centre ville. Partout ailleurs ce genre de mouvement génère d’assez grosses perturbations ; mais chez nous, pas de panique puisque
la cible de cette nouvelle unité n’est pas Vic ou Frontignan mais se situe hors champ,
bien au delà vers les moyennes et grandes surfaces des alentours et qui vont devoir composer en fin de compte au bénéfice des consommateurs, selon le classique principe de concurrence…
Cerise sur le gâteau : comme vous le dites , Patrick l’opération serait localement créatrice d’emplois...
D’ailleurs, les étrangers de passage ne peuvent qu’être impressionnés par le calme olympien affiché par nos commerçants gardiens d’
un centre ville d’apparence traditionnelle trônant au sein d’un environnement que d’impressionnants travaux d’équipement modifient chaque jour. Imprégnés semble-t-il de certaines traditions philosophiques locales, ils avouent quand on peut avoir quelques échanges individuels qu’ils condamnent toute forme d’enrichissement personnel ; ils affichent de l’indifférence, voire même du mépris pour ceux que motive l’appât du gain !... I
ci, nous ne sommes pas à New York mais à Frontignan City !... dans une ville satisfaite, du coté commercial de sa position d’entité « périphérique » et dont le cœur bat tranquillement sous une aile municipale bienveillante. Vous savez certainement Patrick qu’il existe
trois associations de commerçants : ceux du cœur de ville de Frontignan, ceux de La Peyrade, et ceux de Frontignan Plage . L’objet déclaré pour toutes les trois c’est « L’animation commerciale et l’organisation de manifestations commerciales » sauf pour la troisième qui souhaite"
promouvoir le commerce local" malgré son activité saisonnière…
PROMOUVOIR ? ...Terme on ne peut plus commercial…D’après ce que l’on a constaté il s’agit d’opérations intra-muros
en direction des habitants de la cité augmentés par les touristes de passage. Mais qui dit « promotion » dit « communication »…De ce coté, certains regrettent le garde champêtre au tambour, remplacé par des affichettes polycopiées, des panneaux occasionnels attachés à des poteaux et surtout, comble de la technique de communication locale , l’inusable téléphone arabe….
Eh oui, Patrick, le petit commerce de proximité c’est fatiguant et pas très rentable. Les enfants s’en vont et ne restent que les nouveaux vieux, les nouveaux arrivants et quelques touristes pour équilibrer les comptes !...
Et comment faire pour que ces derniers (les comptes)soient bénéficiaires ?...c’est à dire équilibrés dans le bon sens?..
.Peut-on s’inspirer des méthodes des grandes surfaces ? D’ailleurs, en quoi consistent réellement ces méthodes ? Sont-elles à la portée des petits commerçants de Frontignan ? Si tout le monde savait, il n’y aurait plus que des milliardaires partout !....Certains ont déjà planché sur ces questions ; mais ils semblent angoissés par les conséquences probables de l’application de
principes qui risquent de conduire tôt ou tard à une plus grande prospérité, c’est à dire à une augmentation de la richesse entraînant immanquablement des goûts de luxe assortis d’une plus grande responsabilité rendant les intéressés plus vulnérables à cette la dévastatrice de ce siècle :le STRESS !.. Les malheureux qui gagnent le gros lot du loto ne sont-ils pas tous happés par cette terrible maladie :
-LE STRESS- liée à une hypertrophie brutale de compte en banque ! Leur ultime recours : confier leur santé mentale aux psychologues de la Française des Jeux !
Je pense, mon cher Patrick, que
pour rien au monde nos commerçants ne voudraient courir le risque de contracter cette terrible maladie qui les conduirait en établissements de cure anti-stress à Balaruc ou ailleurs à la suite d’une crise de balance commerciale pléthoriquement bénéficiaire. Oui ! Manipuler des millions d’euros du jour au lendemain, comme le font les Leclerc, Carrefour, Auchan et autres, c’est tout bêtement déstabilisant, immoral et contraire aux traditions de mépris séculaire pour la fortune et pour tous ceux qui en bénéficient.
Connaissant ces terribles dangers liés à l’enrichissement et leurs conséquences sur la vie locale on comprend aisément qu’une immense majorité refuse de s’aventurer dans une démarche qui perturberait l’ordre sociopolitique de notre ville…Le petit commerce de Frontignan élevé, du jour au lendemain, au rôle de moteur économico politique de la cité serait un bouleversement lourd de conséquences pour tout le monde !...
Frontignan La Peyrade, nouvel eldorado coincé entre Montpellier et Sète deviendrait un pôle attractif, non seulement pour tous les retraités de la planète, mais aussi pour tous ceux, hélas, qui sont tentés par l’argent facile.
Quels sont les Frontignanais qui accepteraient de voir leur ville transformée en quelques années en un condensé, made in France, de Miami et de Las Vegas
où débarqueraient tous les nantis de la planète ? Il faudrait encore tracer de nouveaux boulevards entre La Peyrade et les Aresquiers pour que ces richards puissent parader dans leurs luxueuses limousines blanches à rallonge …NON ! Ne rêvons pas ! Restons ce que nous sommes : pas riches et sans stress ! Avec le muscat nouveau mangeons le soleil que le Bon Dieu a bien voulu nous donner…
Mon cher Patrick, je suis en train de me demander si, contrairement à nos amis commerçants, vous aimeriez
savoir ce qu’il faut faire pour changer le commerce de Frontignan ?….Car, pourquoi voulez-vous que je me décarcasse à vous l’expliquer si ce que j’écris ne vous intéresse pas ?....
J’attends vos ordres.
Veuillez agréer, Monsieur Patrick, l’assurance de mes salutations très amicales. Votre dévoué ALBAROC .
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